Chemise en toile rose fushia d’inspiration indienne, broderies et broderies miroirs.
Au retour d’un voyage en Inde, des idées et du tissu plein leurs valises, Maurice et Michel Renoma lancent une collection de chemises d’inspiration indienne. Taillées dans de délicates étoffes de cotons tissées main, elles se déclinent dans des couleurs vives qui bousculent l’ordinaire des chemises blanches. Elles reprennent également le principe de la broderie miroir, ou sheesha, et largement utilisée en Inde depuis le XVIIe siècle.
Souvent combinée, comme ici, à une broderie au point de croix, elle consiste à enchâsser des miroirs (de formes et de tailles variables) sur le tissu. Cette technique, née en Perse au XIIIe siècle, est devenue caractéristique de l’artisanat traditionnel indien, chaque région développant son propre style.
Prototype de gilet pare-balle en sergé bleu.
Fausses poches et fausse boutonnière à l’avant.
Ouvertures velcros épaules et côtés. Doublure toile avec ouvertures par zip dans le bas.
Toujours à l’affût de nouveaux défis, les frères Renoma s’associent en 1985 au capitaine Paul Barril, auteur de plusieurs livres sur son parcours et ses missions pour l’Etat français, pour la création d’un gilet pare-balles. S’il s’agit ici d’un prototype, le produit final, qui pèse autour des 4 kilos, est pensé pour “résister aux armes du type 9mm ou 357 magnum”, et sa doublure est renforcée au kevlar.
Pantalon patte d’eph’ en peau, liseré python.
Le cuir, la peau et les motifs animaliers sont des thèmes récurrents des années 70 chez Renoma.
Le python, notamment, qu’on retrouve sur des accessoires, chapeaux et ceintures, mais aussi vestes et pantalons, que ce soit en petites touches comme ici ou en couverture totale.
D’habit primordial, porté depuis l’époque magdalénienne, aux débats contemporains sur
l’écologie et la cruauté, la peau et la fourrure concentrent beaucoup de symboles, très souvent genrés. Si le lien entre matière animale et sauvagerie est fait dans tous les cas, pour l’homme celui-ci appelle plutôt à des images de force ou de virilité (pensons à Hercule et sa peau de lion), tandis que la femme en fourrure, en cuir ou encore «la femme serpent » (comme la surnomme Le Figaro en avril 1970), renvoie à un univers de sensualité et de lascivité (comme chez Leopold von Sacher-Masoch et sa Vénus à la Fourrure).
Blouson Reporter zippé en cuir noir. Veste multipoches (14 poches). Manches amovibles zippées.
La multipoche Renoma se décline non seulement en plusieurs coloris, mais aussi en plusieurs matières, notamment du cuir, dans un esprit plus rock’n’roll. C’est ici la version qu’a préféré Jacques Dutronc, grand aficionado des vestes en cuir noir. Mais il n’a pas attendu 1980 pour porter du Renoma; dès les années 60, il se fait photographier dans leurs costumes. Dans sa chanson “Les Playboys”, il moque pourtant “les petits minets qui mangent leur ronron au Drugstore”, et qui, pour beaucoup, s’habillent rue de la Pompe…
Combinaison de skateboard zippée en toile de bâche noire et jaune. Renforcée par matelassage sous les bras, aux épaules, aux coudes, aux genoux et le long des hanches.
Que ce soit en habillant des champions ou en sponsorisant des compétitions, Renoma cultive tout au long de son histoire des liens étroits avec le monde du sport. Le footballeur Pelé et le boxeur Rodrigo Valdés ont notamment visité la boutique de la rue de la Pompe, tandis que la marque s’associe à Land Rover et à Daniel Franceschi pour le Paris Dakar dès 1983, et sponsorise le match mythique Tyson vs Douglas en 1990 à Tokyo. Dans l’histoire du vêtement, la recherche de confort et de fonctionnalité a permis beaucoup d’évolutions structurelles, esthétiques et sociales; citons, entre autres, la démocratisation du port du pantalon pour les femmes, autrefois illégal, à travers la pratique du vélo. Cette combinaison intégrale, spécialement pensée pour le skateboard, est renforcée en plusieurs endroits : plus rien à craindre des chutes !
Veste mi-longue boutonnée en cuir bicolore. Large col type pelle à tarte à bords crantés. Poches à rabat festonné et cranté. Martingale dos.
Avec ses empiècements colorés, son col pelle à tarte et ses détails fantaisie festonnés, cette veste en cuir s’inscrit parfaitement dans l’ambiance rock’n’roll et décalée des années 70. Les indétrônables Rolling Stones eux-mêmes se fournissent chez Renoma : en 2020, une vente aux enchères de certaines archives du bassiste du groupe, Bill Wyman, comprenait notamment deux ensemble et un blazer Renoma datés des années 70. Dix ans plus tôt, la boutique de la rue de la Pompe présentait “The Story Of”, une exposition qui, à travers l’objectif de dix grands photographes des Rolling Stones, retraçait 40 ans de l’histoire de ce groupe mythique.
Chemise col pelle à tarte, motif “Escher” à dominante orange.
Dans la même veine que les pièces “Vasarely”, et reprenant le principe d’imbrication et de répétition d’une même forme, les motifs de ces chemises s’inspirent des travaux de l’artiste néérlandais Escher. En particulier, sa lithographie “Reptiles” (1943), faisant écho à son ouvrage de 1939 Regular Division of the Plane, une série de dessins-mosaïques au croisement de l’art et des mathématiques.
Manteau long croisé en laine, tissu cloqué / piqué à motifs ondulés bleus et blancs. Poches à rabat. Fente dos. Col à larges revers.
En ce qui concerne l’histoire d’une maison de mode, la griffe a son importance, et peut contribuer à la datation d’une pièce. Ce serait Charles-Frederick Worth, considéré comme l’inventeur du principe de la maison de couture, qui aurait eu le premier l’idée d’ajouter des étiquettes à ses créations. Sur ce manteau, la mention “White House” fait référence au premier nom de la boutique des frères Renoma, né de leur admiration pour le style de JF Kennedy. Si d’aventures vous rencontrez ce type d’étiquette, vous pouvez être certain.e que vous vous trouvez face à une authentique pièce des années 60 ou du tout début des années 70 !
Jean droit avec poches zippées amovibles.
Avec ses deux sets de poches amovibles, fixées à la ceinture par une fermeture à glissière, ce jean complète à merveille la veste multipoche, pour un total look reporter. Le détail en plus : une fois dézippées, les poches peuvent être réunies et se transformer en pochette, par
un jeu de pressions. L’idée serait venue aux frères Renoma en observant les poches porte- monnaie kangourou portées par les forains sur le marché de Gisors.
Blazer croisé en sergé bleu marine. Poches à rabat. Col à larges revers et crans pointus. Boutons dorés siglés et ouvragés.
Avec son sergé bleu marine, ses boutons dorés et son col à larges crans, ce blazer est un archétype des vestes Renoma, que s’arrache la jeunesse dorée parisienne. Si aujourd’hui le bouton est le plus souvent fonctionnel et ornemental, il a pu jouer d’autres rôles, notamment au XVIIIe siècle : caricatural, politique, libertin, reliquaire…La collection de Loïc Allio, présentée au Musée des Arts
Décoratifs en 2015, illustre bien la diversité formelle et symbolique d’un pourtant si petit objet. Sur ce sujet, les frères Renoma ne sont pas en reste : en 1964, ils ont l’idée de proposer dans leur boutique un service de personnalisation de boutons et d’écussons, qu’ils font spécialement graver à Londres.
Pull court en jacquard, motif de skieur à l’avant et au dos.
Le jacquard, inventé au XIXe siècle par Joseph- Marie Jacquard, est une technique de tissage ou de tricot (on parlera alors de tricot jacquard ou de jacquard maille) qui permet de créer des motifs directement par l’entrecroisement de fils de couleurs différentes, et pas par impression. Le motif est alors visible à la fois sur l’endroit et sur l’envers du tissu. Ce modèle, premier d’une longue série de pièces jacquard Renoma, est inspiré d’un pull pour enfant acheté par Maurice à New York en 1952,
et encore conservé dans nos archives.
Ensemble veste et pantalon en velours turquoise. Veste droite à poches, style “Lénine”. Pantalon droit, poches passepoilées.
La veste de cet ensemble en velours bleu-vert est le premier vêtement de style “Lénine”, d’inspiration russe comme son nom l’indique. Souvent taillé dans du velours, sa particularité se niche principalement dans ses poches : au niveau de la poitrine, deux poches à rabat et bouton soulignées par deux poches à soufflet et à rabat festonné, ainsi que deux poches à rabat à la taille. Entre autres tenues remarquables, James Brown portera une veste Lénine sur la scène de l’Olympia en 1971.
Veste cintrée et boutonnée d’inspiration militaire en suédine. Liseré rouge. Col officier. Col, patte épaules et manchettes contrastants. Boutons dorés et siglés. Parement de poignet boutonné et festonné.
L’influence mutuelle entre habit militaire et civil est loin d’être une donnée nouvelle dans l’histoire de la mode. Cette veste cintrée, à col et revers dits “Bonaparte”, est inspirée des tenues de la Guerre de Sécession (1861- 1865). L”Uniform-Look”, très en vogue dans les années 60, est en provenance directe de Carnaby Street, à Londres. Il semblerait pourtant que ce style “yéyé-militaire” reste plutôt l’apanage de la jeunesse, “une jeunesse passionnée tout à la fois par la violence et par un certain
romanesque” (Prêt-à-Porter, 1967).
Pantalon large en sergé, à pinces et poches ticket. Pattes de serrage côté.
Cette typologie de pantalon, droit à jambes très larges, à doubles pinces et à petites poches dites “ticket” (en raison de sa petite taille), est caractéristique des années 60 chez Renoma. Dans une interview pour Elle en 2024, Diane Von Furstenberg se souvient de la version en velours côtelé que tout le monde s’arrachait.
Blazer droit deux boutons en velours vert rebrodé de petites fleurs. Col à larges revers et crans pointus. Poches à rabat.
Avec son velours et son semis de petites broderies, ce blazer se rapproche fortement de la veste Renoma que porte John Lennon dans le clip de Imagine, avec Yoko Ono. Le Metropolitan Museum of NY conserve par ailleurs un exemplaire similaire. Quant à elle, la pièce originelle trouvait une place de choix dans l’exposition du Victoria & Albert Museum You Say You Want a Revolution Records and Rebels 1966-1970 (2016-2017).
Blouson court zippé en peau marron. Empiècements géométriques beige et fauve. Poignet et bas de
blouson bords-côte.
Le début des années 70 voit fleurir les blousons dans les collections Renoma. Ils se font le terrain d’expérimentations autour du mélange de matières, de couleurs et de motifs. Dans le film de Joël Seria Comme la Lune (1977), le très parisien Jean-Pierre Marielle arbore fièrement une casquette à pompons et un blouson Renoma en cuir, au style reconnaissable. Entre quatre murs, il lui préfère cependant la robe-de-chambre en soie…
Blouson Reporter zippé en sergé beige. Veste multipoches (18 poches). Manches amovibles zippées. Zip col. Doublure sergé rouge. Ecusson casque.
Née au début des années 80, la veste “Reporter”, “Multipoches”, connaît un succès fulgurant auprès des célébrités, des photographes et des aventurièr.es. Côté design, le maître mot est “l’efficient wear” : chaque poche est imaginée avec une fonction dédiée (lunette, stylo, pellicules d’appareil photo), et les manches sont dézippables. Andy Warhol, artiste phare du Pop Art, étrenne son propre exemplaire lors d’un voyage en Chine en 1982.
Blazer croisé en sergé de laine, rayures tennis bleues et blanches. Col à larges revers et crans pointus. Poches passepoilées.
A partir de 1975, Jane Birkin et Serge Gainsbourg deviennent égéries Renoma au Japon. C’est le début d’une grande amitié, de campagnes signées par des photographes mythiques (David Bailey,
Helmut Newton, Dominique Issermann), et de quinze ans de tournées annuelles nippones. En 2009, la Boutique de la rue de la Pompe expose les portraits intimistes de Gainsbourg par Tony Frank, dans lesquels on retrouve souvent le chanteur affublé de son blazer rayé.
Blouson court en cuir marron. Paysage en patchwork de cuir de couleur dans le dos. Large col, poches type “Lénine”.
Emblématique de l’esprit Renoma, cette collection déploie ses paysages de morceaux de cuir aussi bien sur des vestes que sur des manteaux, des pantalons, des sacs, et même des bottes. Depuis sa toute première pièce, faite à partir de chutes de velours glanées dans l’atelier familial, le patchwork est une technique chère à Maurice, qu’on retrouve jusque dans ses œuvres sous la forme de montages et collages photographiques. “Tout est déjà là, en effet, il suffit d’assembler”
Blazer droit un bouton en velours côtelé. Motif “Vasarely” vert, rouge et beige. Col à larges revers et crans pointus. Poches à rabat.
Les motifs géométriques de cette veste s’inspirent de l’Op’Art, ou art optique, dont les principes logiques ne sont pas déplaire à l’esprit amoureux des chiffres de Maurice Renoma. Dans les années 60, des artistes comme Victor Vasarely ou Bridget Riley s’intéressent aux questions de perception et d’illusions d’optique, à la recherche par des moyens picturaux d’effets de mouvement, de profondeur
ou de vibration. A l’occasion des 50 ans de Renoma, en 2013, ces motifs prennent à nouveau vie sur des blazers d’inspiration vintage, taillés dans les tissus d’époque.